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2003, Une année qui deviendra, je l'espère et le souhaite de tout mon cur, une année de retrouvailles, une année de reconnaissances mutuelles, une année de paix pour deux nations qui, séparées par une mer si bleue, avaient gardé jusqu'alors trop de souvenirs douloureux, trop de morts de part et d'autre et un malaise qui n'en finissait pas et que l'on voudrait voir s'évanouir pour toujours. Je reste persuadée que chacun d'entre nous désire oublier le mal qui fut fait de part et d'autre pour ne conserver que le souvenir lumineux d'un pays merveilleux où le bleu du ciel pouvait rivaliser avec celui de la mer, sous un soleil presque toujours présent. Pourquoi ne pas nous pencher maintenant davantage sur l'histoire. L'Histoire avec un grand "H". Pas uniquement celle qui nous a meurtri. Non. Celle ou celles qui ont fait les pays, les nations et les états du monde. Il ne faut pas oublier pour autant ceux qui ont donné leurs vies souvent sans savoir pourquoi ou alors en défendant leur cause. Tous ces morts ont droit à notre hommage et à notre souvenir. Nous sommes tous des émigrés. Tous venons de pays différents de celui dans lequel nous vivons actuellement. Tous sommes partis à l'aventure, généralement forcés par les événements, retrouver d'autres lieux dans lesquels nous pourrions refaire une autre vie et nous avons souvent réussi. Certains ont eu la chance de retrouver une terre semblable à celle qu'ils quittaient et les habitudes de vie devinrent alors plus aisés. On reconnaissait les plantes, les odeurs, les coutumes, le climat et en écrivant ces lignes, je pense à mes ancêtres Iannis et Loula qui, fuyant leur Ile de Chios en avril 1822 pour échapper aux massacres des Turcs - avec lesquels pourtant les leurs avaient vécu de nombreuses années dans une entente relativement équilibrée - oui, je pense à eux débarquant à Alger, avec peu de choses, en ayant déjà vécu à Livourne puis à Marseille et y découvrant, peut-être sans trop d'étonnement ou de stupeur des turcs vêtus comme ceux qu'ils avaient fuis, des arabes dont le costume rappelait forcément les ottomans, des odeurs qui étaient les leurs, des jardins pleins d'orangers et de citronniers comme les jardins des merveilleuses maisons du Kampos à Chios, et les coupoles des mosquées qu'ils avaient pu voir dans leur ville, à côté des églises orthodoxes. Poussés par les événements tous ceux qui vivaient à Alger dans les années 1960/62, sont partis les larmes aux yeux et le cur vidé, laissant leurs morts et leurs uvres en ne sachant pas si jamais ils pourraient revenir sur leur terre, la terre où ils étaient nés et avec eux leurs parents, grands-parents, arrières grands parents et plus encore. Courageusement ils s'établirent, quelquefois dans un endroit qui leur rappelait l'Algérie, quelques fois pas du tout, et se mirent à reconstruire : Il raconteraient alors à leurs enfants et petits-enfants la vie qui fut la leur."Si tu peux voir détruire l'ouvrage de ta vie Même si beaucoup d'entre nous avons eu des sentiments de vengeance, de haine ou de dégoût parfois, il n'en est pas moins vrai qu'aucun de ceux-là ne pourraient nier qu'ils avaient eu avec les algériens qui les chassaient pourtant, des relations d 'amitié de compréhension mutuelles. On ne fait pas la guerre ni la construction d'un pays ou d'une nation sans que les têtes tombent et que les curs souffrent. C'est la loi de la Guerre et il est vrai qu'il y eut une guerre. Quarante ans ont passé. Il est grand temps, avant qu'il ne soit trop tard pour beaucoup d'entre nous pour nous tendre la main au dessus de la Méditerranée, creuset des civilisations occidentales, qui doit nous rapprocher et non pas nous éloigner les uns des autres. Il faut que les uns, et les autres, construisent, modernisent, et établissent leur état, avec ce que cela représente de difficultés, de courage et de sueurs. La France a un passé lourd de guerres, lourd de difficultés, mais aussi un passé culturellement riche. Il lui faut garder son équilibre avec l'Europe qui se construit. L'Algérie, est un pays jeune, moderne, avec un passé également culturellement riche - n'oublions pas Saint Augustin, née à Souk-Akhas - Il lui faut maintenant créer sa propre économie, sa propre politique et elle a beaucoup de jeunes qui ne demandent qu'à uvrer pour cela. Ses femmes sont courageuses et l'ont prouvé en maintes occasions ; elles auront sûrement un rôle prépondérant à jouer dans les décennies qui viennent. Je pense à Fatiha, Zahia et Dalila avec qui je bavarde par mail et qui réussissent dans leur travail, Chirurgien-Dentiste, Expert Comptable, Bibliothécaire, parlant trois ou quatre langues... Elles peuvent bien être la fierté de leurs parents...elles sont ma "famille" de là-bas...elles ont joué avec Hélène Alexandre et Cécile, comme j'avais joué avec Khadoudja leur Maman et comme Maman avait joué avec Yamina leur Grand-Mère... Laissons à part les fanatismes religieux dont on sait qu'ils sont pires que tout. Unissons nous pour tenter de leur barrer la route. Nous avons le même créateur le même Dieu et nous savons qu'il est Grand. Depuis quatre ans les Pages Tambour sont visitées sur Internet et sont visitées très souvent. En quatre ans je n'ai eu qu'un message, qu'un unique message porteur de rancune de méchanceté et de lignes pleines de mal. Par contre il n'est que de visiter les témoignages reçus dans la page "Vos témoignages", de nombreux algériens de tous âges, messages - qui je l'avoue m'ont parfois tiré des larmes et serré mon cur d'une sorte de bonheur et de plaisir - pour mesurer quels sentiments animent et animent les curs de beaucoup d'entre eux. Savoir que l'on est comprise, aimée et appréciée, savoir qu'ils s'inquiètent que nous ayons souffert et pleuré, savoir comment tout s'est passé oui, savoir cela est fantastique...Et c'est pour cela que cette année 2003 doit être celle que nous souhaitons, une année de paix.
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Cette page est dédicacé particulièment à la mémoire de Yamina, à Khadoudja sa fille, Mohamed son mari, Farid, Fatiha, Dalila, Zahia et Abd-en-Nour, ses enfants. Je n'oublie pas non plus Abdelkrim Mansouri et tous ceux qui m'ont écrit, de France, d'Angleterre, de Bou-Saâda, d'Aumale et de Kabylie. C'est avec eux et grâce à eux que je pense positivement à cette année, l' Algérie en France. Je donne aussi à mon ami Tayeb Ouali une grande place dans mon cœur pour m'avoir donné tant de preuves que nous étions nés sur la même terre
Crétion : 2003-02-15 Mises à jour : 2003-09-30 2013-10-19 21-02-02 Bibliographie : "L'ALGERIE" par Hubert NYSSEN - Editeur : ARTHAUD - Janvier 1972 |
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