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![]() Photo Yves Jalabert in Flickr |
" Il est des lieux où meurt l'esprit pour que naisse une vérité qui est la négation même....Il faut beaucoup de temps pour aller à Djemila. Ce n'est pas une ville où l'on s'arrête et que l'on dépasse. C'est un lieu d'où l'on revient. La ville morte est au terme d'une longue route en lacets qui semble la promettre à chacun de ses tournants et paraît d'autant plus longue. Lorsque surgit enfin sur un plateau aux couleurs éteintes, enfoncé entre de hautes montagnes, son squelette jaunâtre comme une forêt d'ossements, Djemila figure alors le symbole de cette leçon d'amour et de patience qui peut seule nous conduire au cur battant du monde. "Comment ne pas s'en référer à Camus, pour nos errances dans l'Algérie éternelle? Nul autre mieux que lui n'a saisi la beauté toute philosophique de la contemplation de toutes ces villes anciennes. Et, comme nos pas, nous ont si souvent mené vers ces lieux il est bon de se rappeler ce que furent ces promenades, ces visites, et ces découvertes. "...Puis j'ai gagné Djemila. La route qui y conduit demeure l'un des plus beaux chemins d'Algérie, car c'est un chemin vers l'abandon de l'affairement des villes, et vers la rencontre de ce qui ne peut être vu que là."Perdue au milieu des montagnes, isolée de toute civilisation ou presque, Djemila apparaissait brutalement au creux d'une vallée. La nudité aride des montagnes qui l'entouraient frappait l'imagination. Il n'y avait aucun arbre et la terre semblait ne porter aucun fruit. Mon Père m'expliquait alors que la forêt existait du temps des romains, mais qu'à l'abandon de ce lieu par sa population, petit à petit elle disparut, détruite par les troupeaux des bergers qui transitaient par là et dont les chèvres mangeaient les bourgeons terminaux des arbres et aussi par les autochtones eux-mêmes qui faisaient des cannes pour les aider dans leur long périple. Djemila était autrefois entourée de forêts, d'ormes principalement et comme me l'a dit un jour un garde des ruines de Dougga en Tunisie : "...on pouvait aller de Dougga à Djemila, à l'ombre"!!! Il y avait aussi des vignes, témoins d'une vie qui dût être riche et intense.
Un peu d'histoire Disposée sur un éperon rocheux dans la vallée, elle dispose d' une évidente défense. Puis très vite la ville déborda de sa première enceinte et ne cessa de se transformer. La place dite des "Sévères" fut un des plus importants ouvrages, avec l'arc de Caracalla et une fontaine qui fut élevée pour la restauration d'adduction d'eau dans la ville. Les riches familles qui habitaient Cuicul, rivalisaient pout ajouter à leur paysage des édifices profanes et des basiliques chrétiennes puisque le christianisme y était implanté depuis longtemps, et le baptistère datant de la fin du IVè siècle nous le prouve bien encore. Ainsi dans Cuicul, on retrouvait, forum, autels de sacrifices, basiliques, maisons à péristyle, thermes, théâtre, c'est là toute la composition d'une véritable ville romaine. Mais n'est-elle pas aussi africaine? Elle est implantée selon un urbanisme semi-régulier et s'est adaptée au terrain. [Ci-contre un "urceus", sculpté sur la face latérale d'un autel de sacrifices]Ce qui est assez original par rapport aux villes de Rome. Ses habitants n'étaient pas vraiment des Romains. Elle a été fondée par des éléments de l'armée et ces éléments venaient de toutes les régions du monde méditerranéen, d'Europe, d'Asie et d'Afrique, bien que les noms de ses habitants aient été presque tous romanisés. La promenade dans les ruines de Djemila est longue et fertile en découvertes. Cuicul resta sous l'autorité romaine jusqu'à la fin du Vè siècle. En 533, au Concile de Constantinople avait été invité, l'évêque de Cuicul et cette présence montre que la ville reconnaît cette autorité; les soldats byzantins étaient déjà arrivés pour en prendre possession. Et cette date de 533 est la dernière que l'on connaisse de l'histoire de Cuicul. Il est certain que la vie ne s'est pas arrêtée d'un jour à l'autre dans la ville mais petit à les habitants désertèrent le lieu qui fut laissé à sa mort lente.
Le Musée"On revient de Djemila...", mais avant de la quitter nous allions visiter le Musée qui renferme de nombreuses pièces trouvées au cours des fouilles. Et surtout les magnifiques mosaïques. Djemila ne s'oublie pas. Il faut admirer ce passé si riche, se dire que l'Algérie possède encore des trésors et que ce patrimoine se doit d'être partagé.
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Le Cardo "La grand'rue de Djemila" |
Création : 2000 - 11 Mise à jour : 2003-10-11 | 2005-01-22 | 2012-10-30 | 2013-10-19 | 2018-02-17 | 2019-10-19 | 2020-01-22 | 2021-02-17 | Bibliographie: Photos : Jacques Bernard, mon Père. (Excepté vue aérienne de la ville) |
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