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LE CAILLOU DE GAPENNES
Il était une fois un caillou...


Enrico Macias - qui ne le connait pas !!! - chantait autrefois au moment de cette "diaspora" qui nous dispersa un peu partout le refrain suivant :
" On emporte un peu sa vie aux talons de ses souliers
Quand pour vivre plus tranquille on doit tout abandonner"
Ceci rejoint cela. Et j'en viens à ce fameux caillou.

Aux talons de nos souliers, nous ne pouvions pas emporter de cailloux, mais simplement un peu de terre, celle sur laquelle nous marchions dans les chemins, celle qui faisait pousser les tomates et les poivrons, celle que l'on creusait pour ensevelir nos prédécesseurs. Lequel d'entre nous n'a pas rapporté soigneusement emballé dans une petite boîte un peu de terre, ou bien du sable du Sahara, celui qui nous filait entre les doigts, si fin, si rose, si chaud et dans lequel nous nous étions tellement roulés ?? Allez voir cette page et vous verrez que le fond est fait de sable passé au scanner, sable que j'ai rapporté d'El Oued. Tous - je crois ne pas me tromper - tous avons fait ce geste et de temps en temps, on regarde ce "bout de chez nous" parce qu'il nous est impossible de l'oublier et qu'avec lui surgit le passé qui fut le nôtre.

Il y a quelques temps, mon cousin Jacques me dit tout à coup :

"Ah ! Françoise il faut que je t'envoie une photo du caillou de Gapennes !!!

- Mais qu'est-ce donc que ce caillou de Gapennes !! dis moi tout.

- En rangeant des affaires, j'ai trouvé un magnifique presse-papier, fait d'un caillou dûment arrimé sur un morceau de marbre au moyen de fils solides de métal. Avec lui une explication : Il venait de Gapennes. Notre village source ! Celui qui vit naître le premier des Warot connus de nous, Antoine, et qui vit aussi le départ d'un de ses descendant, Médard, pour l'Algérie, au moment de la Conquête, en 1832. Papa l'avait soigneusement conservé et il demeure et demeurera ainsi le témoin du départ de Médard Warot, fils de Nicolas Warot, de Gapennes, qui allait quitter son pays, espérant vivre plus tranquille dans ce nouveau monde qu'il allait avec son travail et sa persévérance rendre ce pays magnifique, avec tous ses égaux venus comme lui un peu à l'aventure."

Le "caillou de Gapennes" emporté en Algérie par Médard Warot, notre trisaïeul

Le caillou est revenu dans son pays ou presque. Conservé soigneusement par les descendants de Médard, il demeure maintenant entre les mains de Jacques Warot, et par la suite dans celles de ses trois garçons, Sébastien, Benjamin et Bertrand. Ils sont quatre dans cette grande famille à porter le nom de Warot et nous leur souhaitons d'avoir à leur tour les dignes héritiers de ce nom dont nous sommes si fiers et que nous n'oublierons jamais. Au moment où j'écris ces lignes je dois malgré tout vous prévenir que le patronyme "Warot" demeure, puisque Sébastien et son épouse nous ont offert un Alistair qui pour le moment seul, perpétue le nom.


Il y a quelques temps je m'entretenais avec des amis de ce caillou devenu célèbre. L'un d'eux avait fait le pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle, à pieds et d'une seule traite à raison de trente ou quarante kilomètres par jour ! - admirons - et me montrant une photo m'expliqua qu'il existe une coutume depuis des temps immémoriaux, qui consiste pour les pèlerins à apporter sur un cairn, son propre caillou ou pierre rapporté de sa terre, de son village, de son pays, pour l'y déposer. Maintenant le cairn est important et l'on s'y arrête pour l'admirer. Il est surmonté d'une croix "Cruz de Hierro"

Il faut en conclure si l'on veut, que ce n'est pas hier que tout un chacun, emportait un peu de chez lui... ailleurs et je ne m'étonne plus du caillou de Gapennes.

Le cairn des pèlerins
Situé à mi chemin de la frontière et de Saint Jacques de Compostelle

Je me permets de citer un pèlerin qui décrit très bien le lieu de ce cairn près du village de Foncebadon, presque abandonné :
"J'attaque une rude montée vers la Cruz de Ferro (ou Cruz de Hierro) à 1490 m... C'est un des hauts lieux du chemin. Petite croix fichée en haut d'une longue perche de 5 mètres, dans un monticule de cailloux plus ou moins gros venus des 4 coins du monde, cette croix de fer est probablement la dernière des 400 pieux que le Conseil d'Acebo (village voisin) se chargeait d'entretenir pour baliser la route lorsque la neige recouvrait le chemin. Il est de tradition d'ajouter sa propre pierre à l'édifice... Je pose mon sac pour y chercher le caillou qui vient de mon jardin et qui a fait la route avec moi jusqu'ici. Les vététistes, qui y sont arrivés avant moi sont en train de prendre la pause pour la photo souvenir...j'attends qu'ils repartent pour m'avancer vers la fameuse "cruz de ferro" et déposer sur le cairn énorme ma pierre de Chalosse."



Fond de page photo FBB cailloux de la Grange du Tambour.

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