C'est vers l'âge de quatre ans, au cours d'une corrida, qu'il découvre, horrifié, toute la violence codifiée, raffinée et finalement barbare que l'homme peut infliger à des êtres vivants au nom de la tradition et du plaisir. De ce spectacle, l'enfant puis l'adulte en restera profondément marqué.
Sous la férule aimante de sa nourrice catalane, Amania, passionnée par le chant et la danse, il apprend l'art subtil du maniement des castagnettes puis donne sa première représentation à son public : sa mère, toute ébahie par ce rejeton au tempérament prometteur "pour la mise en scène". Déjà pour lui le Spectacle est avant tout un partage de rêve en commun dont la plus chaude reconnaissance est le mot : merci. Aussi la réaction très matérialiste des spectateurs, lors d'une démonstration spontanée, conditionnera pour longtemps ses rapports à l'argent.

Un drame déchire sa jeune vie. Sa mère, Elisabeth-Fanny Willm, meurt dans sa trente et unième année. En souvenir de la chère disparue, il se fera appeler dès le début de sa carrière théâtrale Richard Willm gardant Pierre pour les intimes. Par la suite, le cinéma imposera Pierre Richard-Willm. Il sera gêné par le caractère mondain de ce triple nom. Sa grand-mère maternelle l'élève à Bordeaux. Ensuite de 1905 à 1910, il suit l'enseignement de l'École Alsacienne où au tout début il perd pied dans sa scolarité. Mais grâce à l'écoute attentive et aux conseils avisés de l'Oncle, il reprend confiance en lui-même. Il fréquente de 1913 à 1914 l'école des Beaux-Arts de Nantes. Puis la Première Guerre Mondiale embrase toute l'Europe. En 1916 il rejoint l'armée où il est incorporé dans un régiment d'infanterie. Il participe aux combats de Verdun dont il est, de son aveu, un des miraculés.

Après la guerre, il fait de la sculpture en exposant dans des Salons. Littéralement dévoré par la passion du théâtre et ce qui l'entoure, il joue en amateur chaque été au Théâtre du Peuple de Bussang que dirige Maurice Pottecher. Il est ensuite remarqué par Firmin Gémier, directeur de l'Odéon, où il reste quatre ans. Il est aussi le partenaire d'Ida Rubistein. Il est musicien dans l'âme et son ambition matérielle, longtemps différée, est de pouvoir s'offrir un beau piano à queue. Aussi pour le financer, il accepte les propositions de rôle que lui fait la Paramount. De 1930 à 1946, il est happé par le cinéma. Séducteur involontaire, il tourne dans quarante films environ, souvent dans des rôles de jeune premier dont en 1934 Le Grand Jeu, réalisation Jacques Feyder, avec Marie Bell. En 1942, Le Comte de Monte-Cristo , réalisation Robert Vernay. Il est fréquemment le partenaire d'Edwige Feuillère : "La Dame de Malacca" en 1937, "La Duchesse de Langeais" en 1942 ; avec Annie Ducaux "Rêves d'Amour" de R. Fauchois dont il fait la mise en scène et les décors (1942-1944). A partir de 1946, il décide d'abandonner définitivement le cinéma pour se consacrer à son cher Théâtre Vosgien ainsi qu'à sa mère adoptive.
A la suite d' un article fallacieux de la presse à sensation sur sa "condition- misérable-d'artiste-oublié" il décide, par égard pour son public, de mettre les choses au point en écrivant un livre intitulé : "Loin des Étoiles" où l'on y découvre toute l'émotion et la sincérité dont il était habité.
Puis le rideau tombe définitivement. Il s'éteint le 12 avril 1983 à Paris. Il sera enterré dans les Vosges où il repose, désormais, en compagnie de ses amis de toujours.

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