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Le rôle important de THEODOSIUS ZYGOMALAS
dans les relations entre les Eglises Orthodoxes et Luthériennes

Voir également :

Jean et Theodose Zygomalas | La Famille Zygomala | Généalogie Zygomalas


Zannis Zygomalas né en 1498 et son fils Theodosius né en 1544 à Nauplie quittèrent cette ville vers le milieu du XVIè siècle et s'établirent à Constantinople auprès du patriarche. Zannis fut nommé grand orateur du patriarcat et son fils Theodosius protonotaire puis en 1600 Dikaiophylas, titre à cette époque seulement honorifique. Ils devaient être déjà des personnages en vue à Nauplie et Martin Crusius avec qui Theodosius entretint une correspondance suivie, décrit Zannis comme "un homme aux manières élégantes, doué d'un esprit italien, faisant l'ornement du patriarcat."

Martin Crusius

THEODOSIUS ZYGOMALAS

Un homme éminent.

Le principal interêt de Martin Luther dans la question d'Orient, qu'il partageait avec nombre de ses disciples et aussi des grecs eux-mêmes avant la chute de Constantinople restait que la fin du monde était proche et que le Grand Turc était l'Antéchrist: quoiqu'il eut un autre choix avec le Pape lui-même.

Luther était un réactionnaire mais ses disciples étaient enfants de la Renaissance.Et le plus célèbre d'entre eux, Philippe Melanchthon avait été professeur de grec à Wittenberg et se montrait très interessé par l'Hellénisme. Intérêt qui s'étendait aux grecs eux-mêmes, ses contemporains; et il pensait qu'il serait très bon de nouer des amitiés avec l'Eglise grecque.

La difficulté était de trouver comment rentrer en contact avec les Grecs. Les seules puissances en relations diplomatiques avec l'Empitre Ottoman étaient catholiques: Venise, la France et les possessions des Habsbourg. C'était pensait-il, à travers Venise, avec sa colonie d'étudiants grecs, ses possessions grecques et son absence d'intolerance religieuse que pouvait être trouvé qui entrerait en contact avec l'Orient et n'avait pas adhéré à la foi romaine.

Dans le but de rendre compte aux Orthodoxes de la religion réformée, la Confession d'Augsbourg qui résumait lla croyance lutherienne, fut traduite en grec et une copie en fut donnée à Demetrius un clerc de Moldavie assez âgé, d'une admirable piété et d'une moralité sans égale, qu'aimait beaucoup Melanchthon et qui fut l'envoyé du ciel pour qu'il la livre au Patriarche, accompagné d'une lettre personnelle de Melanchthon, rédacteur de la Confession, qui ne faisait qu'effleurer la doctrine elle-même mais qui insistait sur ce que les Eglises Luthérienne et Grecque avaient en commun.

Mais cette lettre et la Confession d'Augsbourg n'arrivèrent pas jusqu'au Patriarche ou du moins on ne le sut jamais, le Patriarche ayant peut-être usé des bons principes diplomatiques orientaux pour éluder la question. Après avoir attendu deux ou trois mois, Demetrius ne voulant pas retourner en Allemagne les mains vides, partit en Transylvanie pour y introduire le luthéranisme et il y mourut.

Quinze ans plus tard, la situation étant plus calme, et les Habsbourgs employant nombre de luthériens, un ambassadeur impérial qui était protestant, arriva à Constantinople amenant avec lui comme chapelain un étudiant protestant Stephen Gerlach. Ce dernier noua rapidement des amitiés et particulièrement avec le savant Protonotaire de la Grande Eglise, Theodosius Zygomalas, qui l'introduit auprès du Patriarche Jeremias II . En compensation, il mit en relation, Zygomalas avec le celèbre professeur de grec en Allemange, Martin Kraus ou Crusius, de Tubingen, homme non seulement intéressé par le Grec classique mais aussi par le monde grec de cette époque. Et c'est par Zygomalas que Martin Crusius entra en correspondence avec le Patriarche Jeremias qui l'admirait beaucoup.

Ces liens étant noués, il était naturel pour les Luthériens de hâter de plus proches relations ecclesiastiques avec les Grecs. Ungnad souffla à Gerlach d'écrire en Allemagne pour demander de nouvelles copies de la Confession d'Augsbourg. En retour, six copies furent envoyées par Martin Crusius et Jacob Andreae de l'Université de Tubingen. Une de ces copies fut donnée au Patriarche, une à Theodosius Zygomalas, une à Metrophanes, Metropolite de Berrhoa, une à un étudiant Gabriel Severus et une au riche laïc, Michael Cantacuzene qui avait promis de la traduire en grec vernaculaire. La dernière copie, fut traduite plus tard en Georgien pour être mise à la disposition de l'Eglise orthodoxe de Géorgie dans le Caucase. On ignore ce que devint cette traduction en géorgien et Gerlach insista pour le savoir, mais en vain. Finalement le Patriarche, avec l'aide de Theodosius Zygomalas et de son père Zannis Zygomalas, Grand Orateur du Patriarcat, commenta la Confession d'Augsbourg point par point dans une lettre datée du 15 mai 1576, à Martin Crusius.



Il faut rappeler que Jeremias ne parlait aucune langue de l'Europe de l'Ouest. Lorsqu'il reçut Philippe Du Fresne-Canaye, auteur de "Le voyage du Levant", en 1573, Theodosius Zygomalas et son père étaient présents en tant qu'interprètes ce qui est peut-être là une indication sur leur grande instruction et leur culture et qu'ils jouèrent un rôle important dans de nombreuses relations religieuses ou diplomatiques entre la "Porte" et l'Occident.


Notes extraites de:
The Great Church in Captivity, par Stephen Runciman (New York: Cambridge University Press, 1968).

[Il semble y avoir une erreur de dates. En effet, d'après la généalogie Zygomalas, de Philipp Argenti dans son ouvrage "Libro d'Oro", Zannis Zygomalas serait mort en 1567, donc il ne pouvait être présent pour commenter avec son fils, la confession d'Augsbourg dans la lettre adressée à Martin Crusius en mai 1576 et au moment du passage de Philippe Du Fresne-Canaye et 1573. FBB]


Monsieur Stavros Perentidis, Professeur d'Histoire et d'Archéologie, Doyen de l'Université de Thessalie, était chargé par la municipalité d'Argos et l'Université du Péloponnèse, d'organiser un colloque à Argos et Nauplie du 1er au 4 juin 2006, intitulé : "Jean et Théodose Zygomalas et leur époque"
De nombreux et éminents professeurs étrangers se rendirent à cette invitation et Monsieur S.Perentidis m'en tint informée, déplorant la vacuité de la présence française qui n'avait pas répondu.

Je laisse ici mes lecteurs, parcourir la note que Monsieur S.Perentidis m'a fait parvenir et qui se trouve aussi, sur Wikipedia

Théodose Zygomalas (1544-1607) était un érudit, philologue, copiste de manuscrits et dignitaire du patriarcat œcuménique.

Il est né à Nauplie, issu d'une famille connue d'Argolide dont le nom initial était paraît-il Sagomalas, au service du seigneur féodal d'Argos Guy d'Enghien. Il a fait ses études près de son père Jean Zygomalas. En 1555 la famille a déménagé à Constantinople,où le père exerçait déjà des fonctions de dignitaire laïc et d'orateur au patriarcat Æcuménique ; en même temps il y enseignait le grec et copiait des manuscrits. En 1564 Théodose figure pour la première fois dans un témoignage, en tant que notaire du patriarcat &cuménique et copiste de manuscrits, tandis qu'en 1574 il a été promu protonotaire. Enfin, en 1591 il s'élèva à la haute charge patriarcale de "dikaiophylax" (gardien des droits). De son vivant, il est devenu célèbre grâce à la longue correspondance et à son amitié avec l'humaniste Allemand Martin Crusius, professeur de grec et de latin à l'université de Tübingen. Ce dernier notait minutieusement dans son journal toutes les informations que lui envoyait Théodose sur les Grecs de son temps, leurs us et coutumes, leur vie quotidienne, leur passé historique, y compris leur langue parlée. Il en a même publié un grand nombre dans ses livres, principalement dans "Turcograeciae libri octo" (imprimé à Bâle en 1584). Grâce à ces informations de Théodose et leur publication par Crusius, commence à se manifester l'intérêt des Européens pour les Grecs de cette époque, les tenant pour la première fois comme des descendants des Grecs anciens et des Byzantins; c'est bien le courant intellectuel et idéologique qui se développa sous le nom "Philhellénisme". A la demande de Crusius, Théodose a traduit en grec populaire certains textes, ce qui a fait connaître en Europe le grec parlé à cette époque. Il a également fait la connaissance d'autres humanistes de passage à Constantinople, tels le Français Philippe du Fresne-Canaye, les Allemands Jean Leunclavius, le pasteur Stephan Gerlach et le voyageur Salomon Schweigger, le Hollandais George Dousa et le Polonais Andrea Taranowski. Sa participation à l'échange de thèses théologiques et des tentatives de rapprochement entre les théologiens luthériens de Tübingen et le patriarche Jérémie II Tranos paraît limitée et en tout cas non décisive. Il a probablement péri lors de l'épidémie de peste qui, en 1607, a fait des ravages. Sa nombreuse famille a déménagé loin de Constantinople. Ses descendants se trouvaient au XIXème siècle encore à Chios, et aujourd'hui dispersés un peu partout.

Ci-dessus à droite, portrait de Stephan Gerlach et à gauche George Dousa

Ecrits de Théodose Zygomalas :

* "Histoire politique de Constantinople de 1391 jusqu'à 1578" ;
* Une longue lettre à Crusius, datée du 7 avril 1581 ;
* Des "Thematopestolae", soit des lettres bilingues en juxtaposé (en grec ancien et moderne) ;
* Une paraphrase du roman byzantin "Stefanitès et Ichnelatès" en langue populaire ;
* Une paraphrase du recueil juridique byzantin "Synopsis minor" ;
* Une paraphrase de l'"Hexabible", collection de lois byzantines par Constantin Harménopoulos ;
* Une liste des dignités (offikia) du patriarcat ;
* Des catalogues de bibliothèques publiques et privées de Constantinople ;
* De nombreuses lettres ;
* Un récit de voyage dans la mer Egée ;
* Une description du Mont-Sinaï et une autre du Mont Athos (avec des cartes dessinées par lui-même).

Bibliographie :

- E.Legrand, Notice biographique sur Jean et Théodose Zygomalas (Paris, 1889) ;
- A.Turyn, De Aelii Aristidis codice varsoviensi atque de Andrea Taranowski et Theodosio Zygomala (Varsovie, 1929) ;
- S.Perentidis, Théodose Zygomalas et sa Paraphrase de la Synopsis minor (Athènes, E;ditions A.N. Sakkoulas, 1994).
- Stavros Perentidis et George Stiris en collaboration : "Ioannis et Theodose Zygomalas", Le colloque de Nauplie en 2006 - Athènes, Editions Dedalos 2009.


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