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ALGER - MES ECOLES (Suite) SAINTE CHANTAL |
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La grande Galerie de la Maison principale avec ses colonades et ses plantes grimpantes. Au premier étage, la Chapelle et en dessous, derrière la fenêtre, la salle de piano et à droite sous l'escalier le réfectoire.
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Mon entrée à l'Institution "Bois-la-Reine" - que l'on ne connaissait que sous le nom de "Sainte Chantal" - se fit sans anicroche. Tout était préparé pour que je puisse intégrer un Pensionnat de Jeunes filles, sans que je fasse de différence avec ma précédente école, Le Lycée de Jeunes filles d'Alger... le Lycée d'en bas et cette nouvelle école que je trouvais d'emblée à mon goût. Deux fois par jour, un superbe autobus, bleu marine - peut-être que c'est de ce jour que j'aime particulièrement le bleu marine - faisait une ronde dans les principales rues d'Alger pour cueillir les élèves dans un endroit près de leur domicile, et nous étions dûment surveillées par Mme Bogliolo, assise dignement sur la banquette arrière en moleskine noire et qui nous rappelait à l'ordre si nous faisions tentative de dissipation ou de bruit. Il venait de Belcourt par la rue Sadi Carnot, s'arrêtait boulevard Baudin, devant la Quincaillerie Etiévent, partait vers la rue Michelet qu'il montait gaillardement, et redescendait par le chemin Yusuf pour atteindre la Rue Marey. Ces petites promenades matinales et vespérales, étaient une bonne mise en train de nos heures laborieuses en classe et de notre réintégration dans nos foyers respectifs. Mais la tournée de l'autobus s'arrêta et nous avons bien été obligées de prendre les "transports en commun" - comme on dit maintenant - en l'occurrence, les "céféra" transcription des lettres C.F.R.A. et pour ceux qui ignorent, Chemins de Fer sur Route Algériens. Alors seules responsables de nos parcours, j'attendais le tram en bas de chez moi, devant Etiévant et m'arrêtais au cinéma le Musset en face ou presque de Sainte Chantal à Belcourt. Je dois à la gentillesse de Sylvette.L cette image qui, pour moi est une espèce de "madeleine de Proust"
Ici tout devenait un peu différent. Pour plus de facilité j'étais demi-pensionnaire... Le refectoire se trouvait dans la maison principale, et nous y pénétrions sous l'escalier d'honneur, qui lui, montait à la chapelle. Grandes tables, silence de rigueur, du vin coupé d'eau, deux plats principaux et un dessert étaient notre ordinaire... moi qui ne mangeait rien à la maison, ici : je dévorais. Pendant que nous mangions, une lectrice tournait les pages d'énormes ouvrages, en bout de la table du milieu et je crois bien avoir écouté au moins trois ou quatre fois "Les enfants du Capitaine Grant", la "Vie de Sainte Thérèse de Lisieux" et de "Bernadette Soubirous" et aussi "Robinson Crusoë". Comme j'avais bonne voix j'avais été désignée comme lectrice et j'avoue humblement, maintenant, avoir tourné les pages par dix ou vingt, me rattrapant sur un relatif ou un personnel, sans que personne ne l'eût remarqué!!! Pour ma défense je n'étais pas la seule...Etre lectrice nous donnait un petit plus puisque nous pouvions bouger de notre table un moment. Après la récréation - digestion, chapelet. Ouf. A propos de bonne voix et de la Chapelle, nous avions aussi de petites astuces pour nous échapper des cours, officiellement... certaines d'entre nous avaient l'honneur de faire partie de la chorale... donc répétitions...prises sur les heures de cours et aussi passer de la cire sur les parquets et les faire briller...encore une échappatoire. Ne croyez surtout pas que nous passions notre temps à échapper aux cours!!! La discipline régnait ici et nous nous y soumettions. Bon, il arrivait parfois que nous décidions d'être insupportables, comme peuvent l'être des petites ou plus grandes filles, contraintes et donc rebelles. Nous passions alors devant Melle Pouchot, notre directrice, qui mantille noire sur ses cheveux blonds, derrière son bureau, avec ses petites lunettes cerclées d'or nous tançait alors sévèrement. Pas moyen de se soustraire à la punition qu'elle donnait. Mais notre professeur principal, Mademoiselle Vigier, en Philo était là pour nous remettre gentillement et affectueusement dans le droit chemin. Ce fut un merveilleux professeur que Mademoiselle Vigier et si elle nous a menées au baccalauréat avec tant de succès elle le méritait pleinement. Le temps passait. L'autobus avait été supprimé et nous prenions les moyens de transport publics. Pour ma part, c'était le tramway, le tram - nous écourtions déjà les mots - Je partais du carrefour de l'Agha et par la rue Sadi-Carnot j'allais jusqu'à l'arrêt du cinéma Le Musset, près duquel habitait Camus et je remontait la rue d'Ornans ou la rue Lamarck qui menaientt à la rue Marey. Nous nous retrouvions généralement plusieurs à faire le même trajet et bavardions jusqu'à la rentrée. Le tram, c'était le "céféra" onomatopée du sigle C.F.R.A. ou tram "d'en bas", pour le différencier des trams T.A. ou trams "d'en haut". Alger étant bâtie sur une colline, les termes "en bas" et "en haut" étaient souvent employés.. cf "Mes écoles 1ère partie"... |
Après le Bac Heureuses sur la Galerie Jacqueline Narbonne, Josette Llorens, Yvette David, Colette Creste et Marie-Simone Franzoni et assises, Marie-Louise Mantelet et Elisabeth de la Borde |
Je n'étais pas la seule de la famille à avoir été élève de Sainte Chantal. De nombreuses cousines, plus âgées y avaient usé leurs tabliers, et toutes tant que nous sommes avons gardé de ces années, un souvenir très fort et très agréable. C'était notre quotidien, bien différencié des samedi et des dimanches, que nous passions avec nos amis d'enfance et plus tard avec nos amis d'adolescence. Mais les amies de classe, représentent une grande partie de notre vie et il est bon, parfois de se replonger dans ce passé là avec émotion. |
Après toutes ces années passées avec moi !!! Monseigneur Dauzon, bénit mon mariage à Saint Charles |
Voici Sainte Chantal en 2004. |
Ne vous étonnez pas de voir partout des communiantes... Il fallait un événement important pour pouvoir faire des photos à l'intérieur de l'Ecole !!! Voir 1ère partie ...Mes écoles |